Le Café Politique

Parce que le citoyen doit penser pour être libre !
Accueil du site > Textes divers > Histoire de troupeau
  • Article

  Histoire de troupeau

vendredi 12 avril 2019, par Florian Ascaso

« S’ils avaient des oreilles pour entendre, grand Dieu, Ils comprendraient ce qu’on fait d’eux. » B. BRECHT.

Histoire de troupeau

De l’authentique à la fiction, de la fable au réel, Il n’y a qu’un pas bien souvent informel Et, sans vouloir plagier notre grand LA FONTAINE, Un crayon pourrait, sans grand peine, Tailler un croquis dans la laine Des moutons dont nous formons troupeau.

Or dans un de ces troupeaux de bipèdes laineux, Dont les individus, soit disant libres et égaux, Avaient saigné leurs droits de citoyens, Avaient signé des pactes de grands moyens, Pour le respect de tous, Pour la Fraternité, l’Egalité Et pourquoi pas la Solidarité, On désigna un jour et cela très démocratiquement Son leader, son encadreur, son chef de file Bref autant dire son TOUTOU.

La chose jusque là peut vous sembler banale Et ressemble en tous points aux exemples nombreux Tirés de nos annales. Mais voilà qui dit règle dit exception. Oui… notre grand troupeau avait ses moutons noirs.

Le chien qui aimait l’ordre Organisa tout ça : Classa, étiqueta, divisa. Ne dit-on pas qu’il faut le faire pour régner ?

Au hasard de ses caprices il mordait, l’insolent, Blessant de pauvres bêtes pour des raisons De lui seul connues Ce qu’il expliquait savamment Dans son langage de chien bien entendu.

Des gros béliers aux jeunes mères, Des vieilles biques aux jouvenceaux, Les bruits allaient bon train. Tous auraient pu, en se donnant la main, Calmer les arrogances d’un si petit roquet.

Mais… les choses en allaient tout autrement ; Et si, d’aventure, on traînait les oreilles Au coin de la grand rue, Sous les portes cochères, Le parvis de l’église, Devant le cimetière, L’on pouvait entendre les commentaires : L’un disait « Moi !! M’occuper de mon voisin ! … Ben voyons Sur la terre telle n’est point ma mission. » L’autre « Difficile tout cela mon lapin… Je vais y perdre mon latin Peut être aussi ma subvention… » Celui ci criait en se sauvant « Je n’ai rien vu, rien entendu, A bon entendeur salut !! » Celui là affirmait en s’implantant « J’ai mes permis…J’ai mon permis… Je ne dois plus avoir la permis…sion. »

Et, d’autruches en hirondelles, De papillons en sauterelles, L’araignée tissait ses chaînes, Si bien qu’au bout de l’an, D’Est en Ouest, Du Nord au Sud, De gauche à droite, De bas en haut, Tout le monde marchait à l’unisson, Le petit doigt sur la couture du pantalon. Lié, garrotté, moutonné, ce peuple De sa maison en fut même jeté Et cela à grands coups de souliers. Puis surtout qu’on n’en parle pas aux enfants ; Les histoires de démocratie Cela ne doit intéresser que les politiciens.

Les morts, même les pauvres morts, Ne pouvaient être concernés Et l’on s’efforçait bien d’oublier Ceux qui étaient, peut-être, tombés pour autre chose.

Puis, surtout, qu’on ne nous voit pas, Qu’on ne nous entende pas, Que personne ne sache que nous pensons, D’ailleurs, c’est bien connu, Moins on pense mieux reconnus.

Voilà ce qui pourrait se voir Si on voulait le voir. Voilà de sourires hypocrites Une traduction écrite. Voilà une petite histoire Qui remonte dans l’histoire. Voilà des petits moutons Qui marchent à reculons.

Pour conclure la fable il faut, pour sûr, une morale, Et bien disons, braves gens, A celui qui ne pense qu’à sa petite écuelle Qu’un mouton finit toujours dans une grosse gamelle Même si on lui a souvent dit que la vie était belle…

FloriAn.